pour une fois que je fais ce que je dis...

Publié le par lamain

Chose promise, chose due. J’avais dit à Mythologik que son article sur le rêve méritait réponse, je réponds donc. Parce que j’ai envie, voilà tout, et si ça ne vous plait pas, passez outre, je fais ce que je veux, non mais.

  Sans vouloir offenser le fantôme de monsieur Freud, car quelle personne saine d’esprit voudrait se mettre un fantôme à dos, surtout celui-ci, je ne m’occuperai en aucune façon de la valeur psychanalytique des rêves, qui viole les complexes organisations de l’esprit et déchire le voile de poésie qui en habille les rouages. Quelle classe, quand j’y pense. Je n’ai rien contre la psychanalyse, mais il faut bien avouer qu’un rêve décrypté façon Freud rend l’Homme nettement moins glorieux, et j’aime assez à me croire parfois membre d’un règne glorieux, celui d’une espèce douée de raison et de génie créateur. Voilà voilà. L’idée d’appartenir à l’espèce névrosée du règne animal m’enchante nettement moins, je ne sais pas ce que vous en pensez. Un peu de poésie, bordel ! Ai-je envie de crier à la face du monde, comme ce bon Jean Jaques clamait son innocence au son des trompettes du jugement dernier (attention, référence littéraire).

 

 Vous aurez compris, si vous n’êtes pas trop crétins, ce dont je ne doute pas, que si vous vous attendiez à une dissection de songe sanglante comme il se doit, croustillante et graveleuse et tout, vous vous êtes lourdement gourés. Le rêve est poésie. Il est la seule véritable image que nous ayons de notre vie intérieure, une image fraiche comme un gardon juste pris, qui frétille encore et ne sent pas la vase (en général). Nous la rapportons sur le rivage de la conscience, au réveil ( souvent brutal, en ce qui me concerne, car provoqué par le putain de ramage d’un réveil, justement, ce minuteur infernal qui décide avec une exactitude impitoyable que mon temps de sommeil est écoulé, comme il le ferait du temps de cuisson d’un œuf à la coque), histoires folles, sensations authentiques, lieux, personnes, qui imprègnent la journée du goût du rêve.

    Quelques rêves restent dans la mémoire, comme de vrais souvenirs, étranges et pénétrants ( attention, autre référence littéraire ), dans lesquels tout est plus grand, plus profond, et n’allez pas voir là dedans un quelconque double sens grivois. Un parc devient forêt mythique, faite d’arbres immenses et noueux, ridés, creusés, parés de lierre et de lianes, des arbres vénérables comme on n’en voit que dans les films (et les rêves, sinon je n’en parlerai pas, voyons) ; Une maison est un château, un jardin, une plaine brumeuse, humide de pluie, de neige ou de rosée, balayée par un vent vivifiant qui y a sa maison ; une cave est un labyrinthe sombre, immense, poussiéreux, au sol parsemé d’objets rouillés et dangereux ( si, un clou rouillé c’est dangereux).

   Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Les rêves ne sont pas toujours lyriques, loin s’en faut ! J’en connais qui ont fait plus d’un cauchemar à vous arracher les poils des bras, tellement ils se hérissent. J’en connais aussi qui ont fait plus d’un rêve à ne pas raconter à n’importe quelle oreille non avertie, et qui ont des effets non moins physiologique que le dressage de poils, mais d’une autre nature. Mais rien ni personne ne me fera ne pas dire que ces rêves aussi ont leur part de poésie. Poésie trash, poésie gore, certes, mais après tout, la poésie n’est pas que niaise, que ceux qui le croient encore se détrompent. Poétique, c’est (selon une définition reconnue qui est la mienne, et qui bénéficie donc de mon label) ce qui exprime une esthétique quelle qu’elle soit, quitte à exprimer l’esthétique d’un meurtre particulièrement sadique ou d’un scénario angoissant- ou exaltant-. Sauf que le rêve est un genre de poésie immédiat, non-écrit, et que nul autre langage que celui du sommeil ne peut retranscrire dans toute sa puissance et sa réalité. Le rêve, c’est la vie sans le sens qui l’enracine au béton des rues, sans l’aspect contrariant des contraintes physiques et morales. Mille excuses, je m’emballe quelque peu.  Donc, pour résumer, nous sommes tous poètes la nuit. Dans ta face, lecteur. A bon en temps d’heure, salut…

Publié dans les articles de Noune

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N
Elle Lô à tous! Encore le géniteur de Noune; je n'm'en lasse pas ;-) Surtout n'oubliez pas de noter vos rêves quelque part, non pas pour en pleurer dans 10 ans quand vous aurez compris que le rêve n'est que rarement une réalité mais pour pouvoir les exploiter dans le futur..et puis c'est instructif de se relire des fois!
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M
je ne vois toujours pas la poésie dans mes attaques de zombies intempestives...<br /> <br /> *Mythologik qui a trop étudié la lignée humaine pour ne pas se voir comme un animal trop flemmard pour rester idiot*
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D
Mes rêves à moi sont des oeuvres bien plus éphémère, car je ne m'en souviens que rarement. <br /> J'imagine que l'artiste ne veut pas que son oeuvre soit déformée par le réveil. ^^
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